La Roche-Maurice. Les artisans d’art redonnent à l’église sa splendeur
La Roche-Maurice. Les artisans d’art redonnent à l’église sa splendeur
Le chantier touche à sa fin. Démarrée en septembre 2014, la lourde réfection de l’édifice se terminera en avril. Sculptures, peintures, toiture, maçonnerie… lui redonneront son éclat d’antan.
« Je connais l’église par cœur. Je suis intervenu sur tous les bois », confie Didier Berranger, le chef de chantier de l’entreprise Le Ber, de Sizun, en charge du marché de la charpente et des sculptures. « Depuis le mois de novembre, avec Louis et Mathieu, nous intervenons, et même si nous sommes habitués aux travaux de restauration, autant de moulures et sculptures, ce n’est pas commun », reconnaît le professionnel en montrant les fermes des bas-côtés.
Celles-ci avaient été entièrement déposées « pour permettre la réparation des sablières et la reprise de la maçonnerie des murs latéraux. Les grosses poutres de traverses ont été soulevées avec des palans, pour remplacer les parties abîmées par greffe ».
La beauté des polychromies
Avec son équipe, Didier conserve au maximum les bois d’origine, chêne et pitchpin, et ne remplace que les parties les plus abîmées. « On a à cœur de conserver le témoignage de l’époque. C’est incroyable, avec nos machines, on ne fait pas mieux que les artisans de l’époque ! » affirme l’artisan, fier d’avoir œuvré sur cet édifice exceptionnel.
L’église Saint-Yves est aujourd’hui une très belle dame, aux sablières et aux gueules de dragon magnifiques. Sur des scènes de sablières trop abîmées, « on a refait du neuf à partir d’une numérisation effectuée en 3D sur les anciennes », explique Didier.
Et que dire des polychromies de la voûte : elles sont spectaculaires. Du bout de leurs pinceaux, les peintres de l’entreprise Arthema, de Nozay (Loire-Atlantique), terminent de raviver les décors d’anges, les 700 fleurs de lys, les 26 clés de charpente, les multiples monogrammes estampillés HIS qui illuminent la voûte.
Un diagnostic exemplaire
Les lambris bleus subliment les éléments or et rouge. « Nous utilisons de la peinture au mica et à la poudre d’or. Ensuite, on patine pour vieillir le décor », détaille Julien, du haut de son échafaudage. Moins visible, mais aussi réussie, la réfection de la toiture, assurée par l’union des Ouvriers couvreurs de Morlaix. Pour couvrir 1 000 m² de toit, 40 % d’ardoises ont été récupérées, et les ardoises neuves ont été acheminées de Commana. L’entreprise Goavec-Piray, de Brasparts, a assuré la restauration de maçonnerie du pignon Est.
C’est en 2010 que la municipalité décide de sauver l’église. « On s’aperçoit des désordres lorsque les lambris s’écroulent et que les sablières ne tiennent plus », note Jean-Yves Choquer, président de Château et Patrimoine Rochois. « Avec les diverses restaurations qui se sont succédé depuis 500 ans, les débris se sont amoncelés entre les sablières, et avec l’humidité tout c’est altéré ». Il est alors urgent de faire un diagnostic.
1,2 million d’euros
« La qualité de l’étude faite par l’architecte en chef des monuments historiques, Marie-Suzanne de Ponthaud, et la Drac, a permis de mener le chantier sans aucune surprise et sans le moindre retard », souligne Jean-Yves Choquer.Le chantier aura coûté 1,2 million d’euros. 75 % de subventions sont attendues, et les 60 000 € de la souscription volontaire réduiront la part communale à 220 000 €.
Une belle somme, mais Saint-Yves le vaut bien !