Notre-Dame retrouve sa Poutre de Gloire d’antan

Autour du père Stéphane Lair, les représentants de la municipalité devant la Poutre de Gloire qui vient d'être restaurée. L'échafaudage sera démonté mardi.
Autour du père Stéphane Lair, les représentants de la municipalité devant la Poutre de Gloire qui vient d’être restaurée. L’échafaudage sera démonté mardi. | 

Après les bombardements de Saint-Lô en 1944, la Poutre de Gloire, œuvre emblématique de l’église Notre-Dame, est restée plusieurs années à l’air libre. Sa restauration vient de s’achever.

Patrimoine

C’est une image que les Saint-Lois ont à tout jamais en mémoire : celle de l’église Notre-Dame partiellement détruite après les bombardements de juin 1944, sa nef à ciel ouvert, et cette Poutre de Gloire tutoyant les nuages, surplombant un tas de gravats. « Cette oeuvre de bois de chêne, qui était suspendue au travers de la nef de Notre-Dame, avec sa sculpture du Christ, est restée à l’air libre pendant des années, subissant les intempéries au fil des saisons », explique Robert Blaizeau, conservateur des musées de Saint-Lô.

La poutre et la croix seraient du XVIIIe siècle. La sculpture du Christ, elle, aurait été réalisée au XVIIe siècle par un artisan anonyme. OEuvre conçue pour être vue de loin, elle se caractérise néanmoins par une finesse remarquable. « Elle représente le Christ en croix avec, sous ses pieds, un crâne évoquant le Golgotha » (lieu du crâne où Jésus fut crucifié, d’après les Évangiles).

Sous les assauts du vent, de la pluie, du gel, cette oeuvre a subi de nombreuses dégradations : lessivage de la face, déformations, décollements… « Nous n’avons pas trouvé, dans les archives, trace de travaux de restauration de cette Poutre de Gloire depuis 1944 », indique encore Robert Blaizeau.

23 000 € pour la restauration

La Ville, propriétaire, a donc décidé de la faire restaurer cette année. Montant du projet : 23 000 €, financés par la Ville avec une subvention de 50 % de la Direction régionale des affaires culturelles (Drac) et de 25 % du Conseil départemental de la Manche.

Les travaux, menés par Arthema Restauration, une société spécialisée, ont duré tout le mois de mars. L’oeuvre a été vérifiée dans son ensemble. La restauration a permis de retrouver les différentes couches de peintures et de dorures et la polychromie a été « refixée ».

« Les couleurs n’ont pas été restituées, précise Robert Blaizeau. C’est un parti pris de la Ville, en accord avec la Drac : on conserve l’existant mais on ne refait pas ce qui a disparu. » La disparition de ses couleurs fait partie de l’histoire de cette oeuvre classée au titre des Monuments historiques.

Le dépoussiérage et le nettoyage ont nécessité un travail de précision, avec l’utilisation de bâtons de fibre de verre. « Les ouvriers ont retiré l’équivalent d’un sac d’aspirateur de débris et saletés Le poids du temps ! »La Poutre de Gloire a par ailleurs fait l’objet d’un traitement préventif contre les insectes xylophages, les pièces métalliques (clous d’assemblage) ont été protégées contre l’oxydation, les parties structurelles manquantes restituées.

Le chantier s’est terminé cette semaine. L’échafaudage devrait être démonté mardi. « On trouve des Poutres de Gloire, ou perques, dans de nombreuses églises, en général à l’entrée du choeur, précise le père Stéphane Lair. C’est un symbole très fort de notre église. »