Dans l’église Notre-Dame-de-Bon-Port rénovée, les restaurateurs ont raconté, ce samedi 6 novembre, le minutieux travail qui se cache derrière l’éclat retrouvé des peintures.
Afficher le diaporama Ouest-France Claire DUBOIS. Publié le 07/11/2021 à 08h35 Abonnez-vous ÉCOUTER LIRE PLUS TARD NEWSLETTER NANTES
Elle a passé trente mois à se refaire une santé. L’église Notre-Dame-de-Bon-Port a rouvert ses portes début octobre. Et ce samedi 6 novembre, des visites proposaient au public de découvrir les coulisses de cette restauration, visant notamment le lustre, le parquet et le dôme.
À l’intérieur de ce dernier, la frise dorée de 140 personnages et le ciel bleu qui la surmonte ont retrouvé leur éclat. « Le ciel étoilé est fabuleux. Et on voit bien mieux les personnages, auparavant occultés, c’est émouvant », s’enthousiasme Charlotte, pour qui l’édifice est une histoire de famille : ses grands-parents s’y sont mariés et elle y a fait baptiser son fils.
Cette luminosité retrouvée, c’est le travail d’une dizaine de personnes autour des Nantais Ludovic Laureau, gérant de l’entreprise de restauration Arthema, et Tristan Mahéo, restaurateur de peinture indépendant. Tous deux ont raconté, ce samedi, leur travail de fourmi. « On a d’abord fait des recherches dans les archives pour savoir ce qui avait été fait, notamment lors de la précédente restauration en 1949. Puis on a noté chaque altération de la peinture. Enfin, nous avons envoyé des prélèvements en laboratoire, pour savoir quels pigments ont été utilisés », raconte Tristan Mahéo. Un travail d’enquêteur donc, pour recueillir le maximum d’informations. « Ce sont tous ces indices qui guident, ensuite, les restaurateurs. »
3 000 heures de travail
Au moment de passer à l’action, tout est affaire de minutie. C’est à la seringue qu’ils ont replacé, écaille par écaille, les morceaux de peinture qui se décollaient à cause des infiltrations d’eau. Ils ont aussi nettoyé la fresque, avec un soin particulier, « car si on va trop loin, c’est irréversible ! On utilise des gels et non des solvants, car ils pénètrent moins la peinture ». Principale difficulté : il fallait retirer le vernis appliqué en 1949, qui assombrissait la frise, le doré virant au marron. Sans altérer l’œuvre en dessous.
Parfois, les restaurateurs ont choisi de ne pas retoucher ce qu’on fait leurs prédécesseurs de 1949. « Car cela fait partie de l’histoire de la fresque. Comme, d’ailleurs, nos interventions d’aujourd’hui. » Quelque 3 000 heures de travail, résumées dans des documents dûment conservés. « Peut-être qu’ils serviront, dans 150 ans, pour des rénovations futures. »
En attendant, l’édifice devrait connaître une nouvelle phase de restauration, pour le ravalement de façade et la remise en état des autres peintures, à une date encore inconnue.